Le moins que l'on puisse dire de cet album, c'est qu'il est différent des autres et qu'il provoquera quantité de controverses et de débats. Il s'avère en fait que c'est un hors série et non pas la suite tant attendue de la série...

Les avis étants vraiment partagés, vous trouverez sur cette page une partie pour et une partie contre... à vous de voir avec laquelle vous vous sentez le plus proche.

Je profite d'ajouter que c'est après un certain temps et une lecture plus approfondie que j'ai découvert des éléments positifs dans cet album. Je modère donc mes critiques "à chaud" en ajoutant les plus importants ci-dessous.

Sans parler des biographies complètes des 128 personnages (pas toutes très importantes d'ailleurs), certains éléments de cet album peuvent soit être intéressants pour la suite de l'histoire soit apporter quelque chose de nouveau... les voici mentionnés ci-dessous:

• La version officielle du jugement de Wally Sheridan par Carrington est la suivante: c'était une pièce montée de bout en bout par le général devenu fou qui utilisait des acteurs et des sozies. Le président Sheridan est en réalité décédé à l'Hôpital Universitaire de Washington des suites d'une opération au cerveau alors même que ce pseudo-jugement avait lieu.
• On apprend l'identité des 20 membres de la conjuration (les tatoués), leur peine de prison et leur cause de décès s'ils sont morts (ce qui est souvent le cas).
• Irina était une tueuse aux ordres du KGB avant que les dirigeants de cette organisation n'essaient de la faire tuer et qu'elle soit sauvée par la Mangouste. C'est à partir de cet instant qu'elle travaille pour lui.
• On se rend compte que Adrian Van Horn (le président-directeur général de la Minerco) est en fait Jean Van Hamme lui-même. En effet, la photo le représentant (celle ci-contre) est la même que celle apparaissant sur le site du Lombard. (Merci à Carlo de m'avoir fait remarqué ce point)
• On apprend également que Johnathan Mac Lane, en reportage à Berlin, s'est lié d'amitié avec Ben Carrington, alors commandant dans une base militaire américaine.
• Le jeune Jason, alors adolescent vivant à Greenfalls, était ami avec David Rigby, qu'il retrouvera plus tard quand il enquêtera sur son passé. David était déjà subjugué par la belle Judith, tout comme son père qui la viole quasiment sous les yeux des deux jeunes amis.
• Le lieutenant responsable de la mort de Alan Smith, fils de Abe et Sally (les deux retraités qui sauvèrent XIII) lors de la "campagne d'Asie" ressemble étrangement à Quinn.
• On apprend que c'est Frank Giordino (alias Jupiter) qui est à l'origine de la traque des deux journalistes... pourquoi le nouveau chef de la NSA (National Security Agency) s'acharne-t-il ainsi? Difficile à dire. En tout cas, nous savons qui reprendra le rôle du "méchant" dans la suite de la série...

Bien que sur le plan temporel, ce ne soit pas toujours très plausible, les alusions à des faits réels et récents dans les biographies des personnages rendent l'énigme et l'histoire encore plus réaliste et passionnante.

Les fans que nous sommes s'attendaient à un événement avec le 13e album (numéro symbolique), mais c'est un cadeau empoisonné que nous offrent Vance et Van Hamme: rien de nouveau concernant les aventures de XIII, simplement un résumé des 12 épisodes précédents à travers l'enquête de deux journalistes menacés et traqués.

Cette enquête sous forme de dossiers, décrit 128 personnages plus ou moins importants dans l'histoire: allant des simples figurants aux véritables héros de la saga.

A part ça, c'est bien décevant:

• Les parties BD sont par tranches de deux pages et expliquent quelques événements que l'on connaissaient déjà à peu près en ayant lu les autres albums.
• On regrette d'apprendre l'identité des XX (les membres de la conjuration) alors que 13 d'entre-eux nous sont totalement inconnus (ils n'apparaissent dans aucun album...).
• On croirait une brochure de propagande de l'armée américaine sortie de la bibliothèque du Pentagone (photos de soldats, d'avions de chasse, etc.), alors que pour moi, XIII allait bien au-delà du côté militaire: la quête de vérité d'un personnage indépendant et aventurier.
• L'histoire de XIII (enfermé à la fin du 12e album sous le nom de Kelly Brian et menacé par Frank Giordino) n'avance absolument pas: pas la moindre information concernant le héros!!! Je trouve cela assez étonnant, étant donné que les lecteurs de cette BD se sont attachés au personnage et c'est bien SES aventures que l'on aimerait suivre...
• Ce qui était sympatiquement caché sous des allusions devient carrément de la publicité déguisée: Stephen Dundee, grand patron de la American News Inc. est en fait un personnage de Largo Winch, autre BD à succès de Jean Van Hamme. Pour moi, c'est pousser le bouchon un peu loin...

En bref, il me reste dans la bouche un étrange goût mélangeant l'exploitation au maximum du côté commercial de XIII, une autosatisfaction des auteurs exagérée, un léger côté arnaque malsain (en a-t-on vraiment pour son argent?), une impression de panne d'imagination de Van Hamme (pour le moins surprenante venant de sa part) ainsi qu'un sentiment de vite fait, alors que cela devait être l'album clé de la série (simplement de par son numéro). Il me semble qu'après plus d'une année d'attente, nous étions en droit de demander plus aux auteurs... en tout cas ils nous avaient habitué à beaucoup mieux.

Je tiens juste à préciser que cette critique a été faite "à chaud" et est parfaitement personnelle. Elle provient plus d'une déception que d'une volonté d'enterrer cette série qui reste pour moi un chef d'oeuvre de la bande dessinée francophone... pour autant que les prochains albums soient de la trampe des 12 premiers...

Sylvain Cujean