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Le dernier round - l'analyse

Après près de 24 ans d’aventure et de suspens, XIII touche à sa fin. Nous connaissons finalement son identité et la plupart (non, pas toutes) des énigmes sont closes. Je profite de dire que je suis heureux de savoir que XIII est Jason Mac Lane (désolé pour ceux qui l’apprennent maintenant ;-)).

J’en connais certains qui s’exclameront "enfin!". D’autres diront que cela aurait du se terminer à la fin de Treize contre Un. D’autres soutiendront que c’est après Le Jugement que cela aurait du finir. Finalement, beaucoup, touchés par une vague de nostalgie, souhaiteront que la série continue.

Et bien que ces derniers se rassurent. Pourquoi? Parce que je suis convaincu que l’impression de vide et la déception de voir XIII se terminer est en fait parfaitement délibérée de la part des auteurs. Ceci dans le but de relancer la série avec un nouveau scénariste. L’avenir nous dira si je suis paranoïaque ou réaliste. Mais Jean Van Hamme semble l’avoir plus ou moins confirmé durant le 13h de France 2 ("si William le souhaite").

Et on le sait déjà que Vance souhaite continuer la série, lui-même l’ayant confirmé dans diverses interviews. Mais curieusement les journalistes semblent avoir été frappés d’une amnésie sélective dernièrement : tous les articles se concentraient sur le fait que c’était les 2 derniers albums.

Bref, j’ai comme l’impression qu’on nous fait croire que cela va s’arrêter afin de maximiser la couverture médiatique (tout comme le fait de sortir 2 albums simultanément, voir mon analyse de la version Irlandaise). Et dans une année ou deux, hop on nous dira que XIII recommence et hop, re-gros coup médiatique garantissant un nouveau succès commercial.

Je fais donc l’hypothèse que la série continuera sans Van Hamme, ce qui me dérange. Vous le savez, je fais partie de ceux qui souhaitent que XIII se termine. L’histoire est destinée à avoir une fin, on ne peut pas continuer de tirer sur la corde éternellement. C’est ce que j’attendais de Jean Van Hamme : une fin, une vraie. La résolution des énigmes (bien qu’elles étaient nombreuses) et la conclusion de la série.

Mais pour être honnête, je ressens surtout de la frustration. Parce qu'on y est presque! Si seulement on n’avait pas perdu autant de temps avec les albums 14 à 17! Cela aurait donné le temps nécessaire pour clore la série proprement, en beauté. On aurait même pu avoir droit à une bonne dose d’humour "Jonesien" par exemple. Parce que certes, la série est finie, mais il y a une légère impression de bâclage. Comme si tout d’un coup il avait fallu terminer rapidement et que personne n’y était préparé.

Il semble même que Jean Van Hamme ait préparé le terrain pour son successeur : Felicity est bien vivante mais dans un endroit inconnu; le mystérieux commanditaire d’Irina reste inconnu (Wittaker ? Le président ?); Jessica disparaît sans laisser de trace et Jones refuse les avances de XIII. Si avec tout ça il n’y a pas de quoi faire quelques albums supplémentaires, je ne sais pas ce qu’il faut !

Il est vrai que le moins que l’on puisse dire, c’est que Jean Van Hamme avait du pain sur la planche. Comme je le prédisais dans mon analyse de l’album précédent, cet ultime album devait être très dense si l’on voulait clore toutes les différentes énigmes encore non résolues à la fin de L’or de Maximilien.

C’était donc mission impossible. Van Hamme réussit néanmoins à clore la plupart d’entre-elles. Mais pas toutes. Et par résolution d’énigme il faut en fait comprendre la suppression des protagonistes (solution facile, mais avec qu’un seul album à disposition il n’y avait peut-être pas trop d’autre choix). Quel carnage ! Si l’on résume le bilan (tableau de chasse devrais-je dire) de l’épisode, voici ce que cela donne :

Voilà, avec ça, on referme pas mal de chapitres (et de cercueils) qui étaient restés ouverts.

Au-delà de ces événements, Jean Van Hamme parvient avec ce dernier album à donner un sens à certains albums qui n’en avaient pas trop. Je pense notamment aux très décevants The XIII Mystery et Secret Défense: Danny Finkelstein qui n’avait jusqu’ici aucun rôle dans la série réapparaît comme le confident de Jessica (alias Diane) et est celui qui fait éclater la vérité au grand jour. On a même droit à un retour (certes discret et c'est tant mieux) d’Executor, cette organisation criminelle dirigée par Irina qui avait surgi de nulle part le temps d’une course-poursuite interminable. Il y a également une allusion à Warren Glass et Ron Finkelstein, ceux-ci étant récompensés par le prix Pulitzer à titre posthume. Bref, avec ce dernier album, tout rentre dans l’ordre… ou presque.

Je dis ou presque, parce qu’il y a (bien sûr) quelques petits trucs qui me dérangent:

La quasi-absence de Wittaker et de Mullway est pour le moins surprenante vu le déroulement des événements : Wittaker était censé être l’un des personnages clés dans le procès Giordino mais on ne le voit pas; Mullway étant maintenant clairement établi comme le père biologique de XIII aurait de quoi vouloir passer du temps avec son fils (ou vice versa). Et où est passée son éloquence légendaire ?

La relation entre Irina et Jessica semble être une excuse pour montrer leur physique agréable. Franchement, après tous les événements des épisodes précédents, n’est-ce pas un peu étrange de voir Jessica (re)devenir aussi facilement la complice d’Irina après que celle-ci lui a rendu visite au Mexique ? Et ensuite, parce qu’elle se fait gifler par Irina, la voilà qui change de camp encore une fois… un peu bizarre tout ça.

Quand Danny annonce qu’il va reprendre l’enquête de son frère et Warren Glass, pourquoi XIII et Jones sont-ils si surpris ? J’ai pas trop compris… cela paraît à la fois attendu et naturel que celui qui a finalement fait publier l’ouvrage de son frère prenne le relais, surtout après les révélations sur l’identité de XIII. Je trouve que cette partie de l’épisode où ils se retrouvent tous à l’hôtel n’apporte pas grand chose… la seule explication que je trouve, c’est que JVH prépare le terrain pour son successeur en donnant plus d’importance à ce personnage.

Mais pour moi, le moment le plus bizarre et décevant de cet album est la tentative de demande en mariage (ou de vie en commun, c'est pas clair) de XIII à Jones. Honnêtement, je m’attendais à ce que XIII rigole et corrige Jones en lui disant qu’elle avait mal compris et qu'il voulait lui demander si elle accepterait de lui apprendre à piloter des jets ou quelque chose comme ça. De toute évidence, ils ont une relation très forte (et Dieu sait combien j’aime Jones), mais cette pseudo proposition alors qu’ils se baladent sur la plage semble venir de nulle part et d’être d’une incroyable maladresse. La réaction de Jones n'est pas moins surprenante: alors comme ça, elle refuse par ambition professionnelle? Et que dire de la réaction super zen de XIII après le refus? Franchement, après s’être pris une telle veste, on s'attendrait à le voir réagir. Pas à rester silencieux comme un imbécile. Mais ce silence est finalement à l’image de l’album : XIII y est très discret.

Et pour être honnête je trouve aussi choquant de retrouver XIII en homme au foyer pantouflard que d’imaginer Jones en femme au foyer… n’a-t-il pas besoin d’un peu plus d’action ?

En parlant d’action, il est positif de voir qu’il n’y a pas trop de scènes d’action gratuites dans cet album. Bien sûr, la fusillade géante autour de la maison de Charlie ferait rêver un producteur Hollywoodien (je suis sûr que Jerry Bruckheimer est sur le point d’acheter cette partie du scénario), mais à part ça, pas d’abus. Toujours un peu beaucoup de militaires à mon goût, mais c’était difficilement évitable vu les circonstances. Et je tire mon chapeau à Vance pour la qualité des dessins concernant les charmantes demoiselles de l’album : Jones, Jessica, Irina et Felicity sont toutes très sexy… et sans même avoir besoin de se dénuder totalement comme par le passé.

  

Juste une remarque concernant les insertions de 2 albums de XIII (The XIII Mystery et La version Irlandaise rebaptisée The Kelly Brian Story) : C’est un peu trop gros. Finis les clins d’œil discrets, maintenant on y va franchement et on insère carrément des albums de la série dans le récit. N’aurait-il pas été préférable d’avoir 2 livres normaux avec, pourquoi pas, une petite allusion aux auteurs quelque part sur leurs couvertures?

De plus, il faut qu’on m’explique comment et pourquoi Danny révélerait la vérité sur l'identité de XIII en utilisant une bande dessinée (voir à la page 9 où Giordino feuillette The Kelly Brian Story qui est clairement une BD). Cela manque simplement de crédibilité.

Donc si je devais résumer cet ultime album en quelques mots, je dirai qu'il est bien sans être exceptionel. Comme je le disais plus haut, il semble étrangement bâclé et précipité. Ce qui est d'autant plus frustrant quand on connaît le talent des auteurs et le temps perdu avec les albums post-The XIII Mystery...

Mais voilà, malgré tout, en lisant la dernière case et le message de Jean Van Hamme, je n’ai pu m’empêcher d’être envahi par un sentiment de tristesse. Cela m’a fait bizarre de réaliser que cette fois c’était vraiment fini (du moins XIII comme on le connaît). Jean Van Hamme tire bel et bien sa révérence.

Alors merci M. Van Hamme! Merci pour votre imagination et votre talent. Merci pour tous ces bons moments que vous nous avez fait passer. Et merci aussi pour m'avoir accordé un entretien téléphonique en 2000. Cela restera, avec la finale du challenge XIII experts de 2002, l'un de mes meilleurs souvenirs liés à mon site.

Sylvain Cujean
Novembre 2007

A lire également: l'analyse de La version Irlandaise, sorti au même moment que Le dernier round

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 Dessins: © Van Hamme, Vance, Dargaud Textes: © Sylvain Cujean